L’histoire oubliée du kanelbullar : genèse et évolution d’un emblème suédois

roulé à la cannelle
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Le kanelbullar, brioche suédoise à la cannelle, séduit par ses origines anciennes et ses saveurs uniques. Dans cet article, découvrez son histoire singulière, la recette détaillée pour la réaliser chez vous, des astuces pratiques pour réussir à coup sûr, ainsi que plusieurs variantes pour ravir toutes les envies.

Le kanelbullar — roulé à la cannelle — a conquis la Suède depuis des décennies, devenant bien plus qu’une simple brioche. Certains racontent même qu’il serait impossible d’imaginer un goûter d’enfants sans ces brioches aériennes, dorées, exhalant des parfums d’épices qui collent à la mémoire. Mais qu’est-ce qui explique une telle fascination pour ce petit pain sucré ? Ce n’est pas qu’une question de goût. C’est aussi une empreinte culturelle forte, transmise de génération en génération et dont l’histoire est souvent méconnue.

Une brioche suédoise qui captive : pourquoi un tel engouement ?

Partout en Suède, les kanelbullar accompagnent le café, symbole du partage et marqueur des pauses réconfortantes. Cette brioche moelleuse, ourlée de poudre de cannelle, évoque immédiatement convivialité, parfois même un brin de nostalgie pour certains. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elle trône souvent au centre de la table lors des réunions familiales ou des pauses-détente au travail. Les ingrédients sont modestes — farine, beurre, lait, sucre, cannelle — mais le résultat est souvent bluffant lorsque l’on prend le temps de soigner la préparation.

Les origines parfumées de la tradition

Retour sur un passé où les épices, notamment la cannelle, étaient rares et précieuses. Dès le début du XXe siècle, la Suède, comme d’autres pays nordiques, intègre progressivement ces nouvelles saveurs dans ses boulanges. Le prix élevé des épices réservait la dégustation du kanelbullar aux périodes festives. Puis, avec la démocratisation du beurre et de la farine, les roulés à la cannelle se sont popularisés. Les avancées dans la fabrication de la levure ont aussi joué un rôle : cela a permis aux foyers de préparer eux-mêmes leur pâte, chose auparavant compliquée.

Anecdote vécue : Il n’est pas rare de voir, dans certaines familles, la recette des kanelbullar notée à la main dans un vieux cahier, chaque génération y apportant sa petite touche — plus de cannelle pour les uns, une pointe de cardamome pour les autres. Une amie suédoise m’a raconté qu’à chaque anniversaire, sa grand-mère s’installait près du four, surveillant la montée de la pâte, un geste presque sacré pour garantir la réussite des brioches.

La recette classique et les ingrédients indispensables

Préparer le kanelbullar n’a rien d’intimidant, à condition de sélectionner de bons produits et de respecter les temps de repos. Voici les ingrédients nécessaires :

  • Farine de blé : elle structure la pâte, attention à la qualité pour obtenir la texture recherchée.
  • Levure boulangère : sèche ou fraîche, à bien activer avant le pétrissage.
  • Lait tiède : il humidifie la pâte avec délicatesse.
  • Beurre ramolli : intégré progressivement, il adoucit et donne ce côté onctueux à la mie.
  • Sucre blanc : dosage à ajuster selon les goûts, certains préfèrent moins sucré.
  • Cannelle en poudre : choisissez-la fraîchement moulue, son parfum transformera véritablement vos brioches.
  • Sel fin : un dosage raisonnable, car trop de sel nuit à la levée de la pâte.
  • Oeuf : utilisé pour dorer, il donne une croûte brillante et appétissante.

Un conseil souvent négligé : veiller à la température des ingrédients, surtout pour le beurre et le lait, car une trop grande différence peut ralentir la levée.

Astuces pour des roulés moelleux

La réussite repose sur quelques détails. Voici des conseils issus de l’expérience et parfois déduits d’échecs cuisants :

  • Utiliser une levure bien réveillée : la diluer avec une pincée de sucre dans le lait tiède quelques minutes avant.
  • Laisser lever la pâte au chaud, à l’abri des courants d’air, pour obtenir une texture vraiment aérienne. Compter 1 petite heure.
  • Ne pas sous-estimer le pétrissage : dix minutes à la main (ou avec un robot), la pâte doit devenir bien élastique.
  • Eviter d’ajouter trop de farine lors de l’étalage, sinon la mie risque de sécher.
  • Pour la garniture, utiliser un mélange beurre-sucre-cannelle souple, qui s’étale facilement sans détremper la pâte.

Kanelbullar et fika : une pause café pas comme les autres

En Suède, la pause fika n’est jamais loin. C’est à la fois un rite et un prétexte à la détente, partagé par tous. Offrir un roulé à la cannelle à l’heure du café, c’est transmettre une part d’attention. Qui n’a jamais ressenti cette petite chaleur intérieure en parfumant sa maison de cannelle, un après-midi pluvieux ?

En entreprise, le kanelbullar rassemble parfois les collègues autour de la cafetière, réduisant les distances et les silences. Dans une cour d’école, il fait partie des collations les plus appréciées. Cent façons d’en parler, toutes privilégient le même mot : partage.

Différences et affinités avec les cinnamon rolls

Le cinnamon roll, populaire aux États-Unis et au Canada, partage une parenté évidente avec le kanelbullar. Pourtant, plusieurs points distinguent nettement ces brioches. D’abord, le roulé suédois possède souvent une pâte moins riche en beurre, mise plutôt sur l’équilibre des arômes que sur l’excès de sucre ou de gras. Les cinnamon rolls, eux, débordent de glaçage blanc ou de cream cheese, là où le kanelbullar préfère la simplicité, parfois une simple touche de sucre perlé sur le dessus.

Un débat anime toujours les amateurs : la version américaine serait-elle plus gourmande ou, au contraire, moins raffinée ? Difficile de trancher… Chacun a sa préférence, surtout dans les souvenirs d’enfance.

Des variantes, pour réinventer la tradition

Le kanelbullar épouse volontiers la modernité sans perdre son âme. Plusieurs variantes séduisent aujourd’hui les pâtissiers comme les amateurs à la maison :

  • L’ajout de cardamome dans la pâte, pour un parfum encore plus nordique.
  • Incorporer du chocolat noir râpé dans la garniture, pour une version plus gourmande.
  • Remplacer une partie du lait par du lait végétal (avoine, amande) pour satisfaire les personnes ayant une alimentation spécifique.
  • Opter pour un beurre végétal afin de proposer une alternative sans lactose.
  • Parsemer de sucre perlé, d’éclats de noix ou de noisettes avant d’enfourner pour un rendu croquant.

Le guide complet pour réussir ces pâtisseries

Besoin d’un fil conducteur clair ? Suivez ce pas-à-pas détaillé :

ÉtapeDescription
1Délayer la levure dans le lait tiède. Laisser agir jusqu’à formation d’une mousse légère (5 à 10 minutes).
2Mélanger farine, sucre et sel dans un grand saladier. Faire un puits au centre.
3Verser le mélange lait-levure dans le puits. Ajouter le beurre ramolli. Mélanger progressivement puis pétrir jusqu’à obtenir une pâte élastique.
4Laisser lever la pâte, recouverte d’un linge propre, dans un endroit tiède durant 1 heure.
5Dégazer la pâte. L’étaler en un grand rectangle, d’environ un centimètre d’épaisseur.
6Préparer la garniture : mélanger le beurre ramolli, le sucre et la cannelle. Étaler uniformément sur la pâte.
7Rouler la pâte sur elle-même pour obtenir un long boudin. Couper des tronçons d’environ 3 centimètres.
8Disposer les portions sur une plaque recouverte de papier cuisson. Couvrir et laisser lever à nouveau 30 minutes.
9Badigeonner d’œuf battu. Parsemer de sucre perlé si souhaité.
10Cuire dans un four préchauffé à 200°C pendant 12 à 15 minutes. Les roulés doivent être dorés, mais rester souples au toucher.

La garniture : équilibre et générosité

La composition de la garniture peut transformer la dégustation. Trop peu de beurre : le roulé sèche. Trop de sucre : il caramélise trop vite. Avec le temps et l’expérimentation, chacun trouve le juste dosage, chose presque impossible à obtenir du premier coup. Il n’est pas rare d’avoir besoin de deux, voire trois essais pour comprendre l’influence du temps de repos ou de l’épaisseur d’étalage sur le résultat.

Préparer la pâte la veille : un vrai gain de temps

Pour améliorer l’organisation sans sacrifier la qualité : préparer la pâte la veille et la laisser reposer toute la nuit au froid. Elle gagne en saveurs et vous fait gagner un temps précieux le lendemain matin. Toutefois, il faut penser à la sortir du réfrigérateur au préalable pour éviter qu’elle ne soit trop dure à façonner.

Moments doux et chaleureux

Le kanelbullar, ce n’est pas seulement une gourmandise. C’est aussi une madeleine de Proust pour nombre de Suédois, ou pour quiconque a posé le pied à Stockholm. Dès le matin, une fournée embaume la maison d’effluves légers. Les voisins, parfois alertés par l’odeur, ne résistent pas à frapper à la porte pour partager ce plaisir simple.

A ce propos, il existe ce témoignage recueilli à Göteborg lors d’un atelier cuisine destiné aux expatriés. « Je n’avais jamais osé faire une brioche de peur de rater la pâte. Finalement, avec quelques conseils, j’ai essayé : le premier test était un peu sec mais goûteux. Le deuxième essai, en prenant soin d’allonger la levée, s’est avéré très réussi. On se rend compte qu’avec la douceur des gestes, on obtient un résultat qui réconforte toute la famille. »

  • Quel est le temps total pour préparer les kanelbullar ? Entre la levée, la cuisson et la préparation, comptez environ deux à deux heures et demie.
  • Peut-on remplacer la cannelle par une autre épice ? C’est possible : cardamome, noix de muscade, voire zeste d’orange… À tester selon les envies !
  • Comment conserver les roulés ? Ils se gardent bien dans une boite hermétique à température ambiante deux ou trois jours. Pour retrouver leur moelleux, un passage de quelques secondes au micro-ondes peut suffire.
  • Est-il possible de congeler les brioches ? Oui, il faut simplement les laisser refroidir complètement auparavant. Elles se décongèlent facilement au four doux.
  • Le kanelbullar est-il plus difficile à réussir que le cinnamon roll ? Pas vraiment, tout est question de patience avec la pâte. Certains préfèrent même la simplicité du format suédois.

Savourer un kanelbullar, c’est plonger dans l’histoire d’un pays mais aussi d’une longue tradition de partage. Derrière la simplicité de ses ingrédients, cette brioche à la cannelle raconte une évolution culinaire, une adaptation constante aux envies et aux ressources de chacun. S’attarder sur la préparation, c’est aussi prendre un temps pour soi ou pour les autres, en sachant que ce geste humble porte plus loin qu’un simple instant de gourmandise.

Chacune des variantes, chaque essai raté ou réussi, renforce le plaisir de transmettre ce classique suédois. À tester, à offrir, à réinventer toujours.

Sources :

  • bbcgoodfood.com
  • nordiglifestyle.com
  • foodculturesweden.com
  • saveur.com
  • sbs.com.au/food